Article écrit par Célia – Le 5 avril 2022
Parle nous de « Toits » !
Ici Célia ! Depuis que j’ai découvert les tiny houses en 2015, je suis fascinée par les questionnements qui gravitent autour des habitats réversibles. J’ai eu la chance d’assister à l’évolution du mouvement tiny house en France, notamment grâce à la cocréation de l’association Collectif Tiny House (2016) et du livre Tiny House, le nid qui voyage (2017), pour lequel j’ai réalisé une partie des photos.
Ces différents projets m’ont conduite à faire des rencontres qui m’ont beaucoup touchée et inspirée. C’est pourquoi j’ai décidé d’aller plus loin dans la sensibilisation à ce mode de vie en créant un podcast sur le sujet : Toits Plume. A partir de l’automne 2019, j’ai sillonné la France à bord de mon fourgon aménagé pour aller à la rencontre de divers acteurs et actrices du mouvement tiny house. L’idée était de recueillir leurs histoires pour proposer des témoignages concrets sur ce mode de vie, avec les bons et les mauvais côtés.

Habitats réversibles & tiny houses
Tiny houses, vans aménagés, roulottes, yourtes… Depuis plusieurs années, les habitats réversibles gagnent en popularité. Une petite maison qui ne contient que le nécessaire et que l’on peut bouger au besoin, et si c’était ça finalement, le secret du bonheur ? L’idée fait son chemin et séduit de plus en plus de personnes, d’abord charmées par l’ambiance cozy de ces maisons miniatures. Ce charme tient peut-être beaucoup au fait qu’elles éveillent l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Mais les minimaisons stimulent aussi largement notre imaginaire d’adulte, de l’étudiant au retraité : et si nous pouvions accéder à la propriété à moindre coût ? Et si nous pouvions utiliser notre temps autrement que pour « gagner notre vie » ? Ou mettre de l’argent dans un projet plutôt que dans un loyer ? Et si nos enfants étaient plus heureux entourés de leurs parents et de la nature plutôt que d’objets ? Et si nous alignions notre mode de vie sur nos convictions ? Et si mieux vivre passait d’abord par la réduction de nos besoins ?
Tiny houses : avantages, inconvénients…
Plus qu’une mode, les tiny houses incarnent aux côtés d’autres habitats réversibles une solution possible face aux enjeux sociaux et écologiques de notre temps : mal-logement, spéculation immobilière, dépeuplement des campagnes, artificialisation des sols, pollution et émissions de gaz à effet de serre liés au secteur du BTP…
Mais n’allons pas croire qu’elles ne présentent que des atouts ! Au-delà des difficultés que peut déjà poser l’autoconstruction, la tiny house amène son lot de défis propres aux habitats légers. Au quotidien, c’est notamment la gestion des températures et de l’humidité qu’il faut apprivoiser, sans oublier celle des besoins en énergie en cas d’autonomie.
Et que dire alors des contraintes liées à l’installation… Ce n’est pas pour rien qu’une partie des habitantes et habitants de tiny ont adopté le proverbe : « Pour vivre heureux, vivons cachés. » La majorité d’entre eux font le choix de vivre dans l’illégalité. Une décision souvent prise à contrecœur mais tout à fait compréhensible, car si obtenir une autorisation d’installation n’est pas impossible, la démarche auprès des communes est encore rarement couronnée de succès. Comme d’autres habitats réversibles, les micro-maisons mobiles éveillent en effet un sentiment de méfiance chez de nombreuses mairies et/ou préfectures qui craignent généralement l’apparition de « campements ». Pour aider à l’installation et agir en faveur d’une évolution de la législation, plusieurs associations défrichent d’ailleurs le terrain à l’échelle locale. On peut notamment citer Halem, Hameaux légers et Tinyland.

… et question de mode de vie ?
Mais au-delà des problématiques qui se posent sur le plan juridique, les minimaisons poussent à remettre en question et bouleverser sa façon d’habiter, de communiquer, d’éduquer, de recevoir… Bref, sa façon de vivre tout court. Il faut sortir des sentiers battus pour se lancer en quête d’un nouvel équilibre, d’un nouveau « normal », propre à chacun et chacune. Quel que soit leur âge, certain.es construisent de leurs mains sans expérience préalable, tandis que d’autres chamboulent leur vie de famille… En menant leur projet à bout malgré l’adversité, en tentant de faire bouger les lignes à leur échelle, les habitants et habitantes de tiny house m’apparaissent un peu comme des aventuriers de l’ordinaire… qui accomplissent des choses extraordinaires. Grâce à Toits Plume, je suis fière de mettre leurs histoires en lumière.